LA PLUME ET LES CRIS

Le 15 décembre 2022 à 20h30

À l’initiative de l’OIP (Observatoire International des Prisons), séance suivie d’une discussion avec le réalisateur Jacques Joubert, Christine et Louis Perego, Annette Foëx, personnages du film, ainsi que des membres de la Grande Chamaille.
Le film sera précédé de la conférence dérangée Parloir famille à 18h30, à l’Atelier Naïf Production situé au 2e étage de La Manutention. Entrée libre, un chapeau circulera à la fin de la prestation.


LA PLUME ET LES CRIS de Jacques Joubert
France | 2020 | 1h26 
Il y a un demi-siècle, Lerouge a tué le cousin de mon père, il a évité de peu la guillotine, il a écrit deux livres en détention et est devenu un défenseur médiatisé de la réinsertion, avant d’être tué par un ex-détenu. Mon père ne lui a jamais pardonné son oubli des victimes. Pour moi, il avait écrit en prison, cela aurait pu me suffire, mais je suis resté avec l’idée qu’il avait trempé sa plume dans le sang de ma famille. J’ai donc marché sur d’autres sentiers, à la recherche d’écrivains que l’écriture avait sauvés dans l’ombre de leurs cellules. Et j’ai rencontré Louis Perego, braqueur rebelle et militant de la cause pénitentiaire, puni durement de son engagement. Homme de plume, homme de radio, homme de théâtre, homme de cinéma…
J’admire le couple que forment Annette et Louis, mes amis. J’ai rencontré René Frégni, le grand romancier de Manosque, qui a accompagné tant de prisonniers dans des ateliers d’écriture. René et Louis, dans le jardin de Giono à Manosque, évoquent le maître du voyage immobile et défenseur des vraies richesses. Tous ont fait de la prison, mais leur seule arme est l’écriture. Depuis le début de cette histoire, je marche dans d’extraordinaires forêts, et, au détour des chemins, au milieu des arbres couverts de mousse et des hêtraies majestueuses, surgissent d’autres rencontres : celle de Winfried Veit, un artiste qui a peint l’enfermement, les cris des détenus et des déportés ; celle de Carole, l’ancienne compagne de Lerouge, celle de Christine, la fille de Louis. Quand on passe tant d’années en prison, l’écriture est naturellement épistolaire.
Toutes ces lettres entre Louis et Annette, entre Louis et Christine, autant de chapitres du roman de leur vie. Quant à moi, avec ces personnages que j’aime, qui m’ont touché, je poursuis ma marche, dans la compagnie des livres, et en voyageant avec Giono.

crédits photos : Pulp Films