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« Alice Guy-Blaché, première cinéaste au monde » : à la découverte de la pionnière du cinéma

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Publié le : Jeudi 3 juin 2021

Du 1er au 26 juin, l’exposition « Alice Guy-Blaché, première cinéaste au monde » est à visiter à la Chapelle des Pénitents Bleus à La Ciotat. L’occasion de découvrir de nombreux films de la réalisatrice, mis à disposition par Gaumont, partenaire de l’exposition. La soirée d’inauguration s’est prolongée à l’Eden-Théatre, géré par l’association Les Lumières de l’Eden, également partenaire, pour une projection de Be Natural : l’histoire cachée d’Alice Guy-Blaché, présenté par Emmanuelle Ferrari, accompagnée de Jean-Pierre Senelier, commissaire de l’exposition, et de Thierry Peeters, arrière-petit-fils d’Alice Guy. Une remontée cent ans en arrière pour découvrir l’émergence du cinéma et la carrière de cette pionnière injustement méconnue.

S’il est apprécié des baigneurs, le front de mer de La Ciotat est aussi le lieu de rendez-vous des cinéphiles, qui se retrouvent régulièrement à l’Eden-Théâtre, le plus vieux cinéma du monde. C’est ici qu’a eu lieu, le 21 mars 1899, la première séance payante de cinéma à laquelle assistèrent deux cent cinquante Ciotadens pour le plus grand plaisir des Frères Lumière, inventeurs du cinématographe.

Cette histoire est bien connue, à l’inverse de celle qui nous est contée par l’exposition « Alice Guy-Blaché, première cinéaste au monde », à visiter jusqu’au 26 juin à La Chapelle des Pénitents Bleus, qui surplombe justement l’Eden-Théatre.

C’est ce sentiment d’étonnement, d’injustice, qui a poussé Jean-Pierre Senelier, artiste vidéaste, à créer cette exposition. Comme beaucoup, il n’a découvert Alice Guy-Blaché qu’en 2018, année de présentation au Festival de Cannes du documentaire Be Natural : l’histoire cachée d’Alice Guy-Blaché de Pamela Green, qui revient sur la carrière de cette pionnière du cinéma.

D’abord secrétaire au service de Léon Gaumont, « Mademoiselle Alice » sera émerveillée par l’invention des Frères Lumière. En parallèle de son travail, elle réalise en 1896 La Fée aux choux, premier film de fiction jamais tourné. Le succès du film incitera Léon Gaumont à créer un département de films dont elle prendra la direction. C’est le début d’une carrière fulgurante entre la France et les Etats-Unis, où elle fera construire un studio et fondera la Solax, la plus grande maison de production de son temps. Puis viendra l’hégémonie hollywoodienne qui marquera le début de son déclin et un difficile retour en France. Elle aura au long de sa carrière réalisé plusieurs centaines de films, touchant à tous les genres, de la comédie au documentaire en passant par le western et les films à grand spectacle.

L’exposition présente une vingtaine de films de la période française d’Alice Guy, avant qu’elle soit contrainte de suivre son mari aux Etats-Unis en 1907. Chaque film, d’une ou deux minutes, est présenté sur un écran incrusté dans un cadre en bois. Déambulant ainsi le long des « tableaux », on rit aux farces d’un enfant devant La Glu (1907), on est stupéfait devant Surprise d’une maison au petit jour (1898) – reconstitution d’une escarmouche de la guerre franco-prussienne – on se délecte devant Les Résultats du féminisme (1906) – qui présente une société où les rôles sont inversés – et on s’émerveille devant Comment monsieur prend son bain (1903) dans lequel un homme se déshabille à l’infini grâce à la technique du camera cut.

A la fin de cette balade, on reste frappé par un langage cinématographique résolument moderne à l’image de Madame a des envies (1907) dans lequel on retrouve un des premiers gros plans de l’histoire du cinéma. Une innovation qui – s’amuse Jean-Pierre Senelier – avait laissé dire à Léon Gaumont qu’il était absurde de payer un acteur dont on ne voyait pas tout le corps à l’écran.

L’exposition est aussi une plongée dans l’histoire d’une industrie cinématographique balbutiante, euphorique. Des dispositifs étonnants nous sont présentés, comme la phonoscène : des films de chanteurs de l’époque, forcément muets, synchronisés à des enregistrements phonographiques lors de projections publiques.

Aux côtés de ces inventions, des œuvres contemporaines créées par Jean-Pierre Senelier reprennent le film La Fée aux choux. Il mêle des inventions d’alors comme le zootrope – jouet optique cylindrique – et des technologies contemporaines comme l’imprimante 3D ou l’hologramme. Une satisfaction pour Thierry Peeters, descendant d’Alice Guy, enchanté du dialogue artistique entre deux époques éloignées d’une centaine d’années. Lui s’est chargé de la partie didactique de l’exposition, présentant des panneaux retraçant la vie de son aïeule : correspondance avec Henri Langlois (fondateur de la Cinémathèque française), articles de presse de l’époque, portraits des acteurs et actrices qui ont travaillé avec Alice Guy…

La soirée d’inauguration se prolonge à l’Eden-Théâtre pour la projection de Be Natural, dans lequel la voix de Jodie Foster, narratrice du film, pose à nouveau la question de l’oubli de cette femme dans l’histoire du cinéma, elle qui pourrait prétendre à être hissée au rang des Georges Méliès, Léon Gaumont et autres Frères Lumière. Il ne fait pas de doute que cette exposition participe à la réhabilitation de cette pionnière.

La Fée aux choux d'Alice Guy-Blaché / Pathé - Gaumont Archives

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Par Sylvain Bianchi.

Crédits photo top : Madame a des envies de Alice Guy-Blaché / Pathé – Gaumont Archives
Crédits photo article : Sylvain Bianchi

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