Publié le : Vendredi 10 avril 2020

La Baleine de chez soi, le cinéma à l’heure du confinement

Entretien avec Juliette Grimont, programmatrice du cinéma La Baleine et du Gyptis à Marseille

Confinement oblige, le cinéma La Baleine, installé sur le Cours Julien à Marseille, a fermé ses portes mais n’a pas oublié son public puisqu’il propose tous les mercredis, traditionnel jour des sorties, La Baleine de chez soi, une sélection de films en VOD à retrouver sur son site. Juliette Grimont, programmatrice du cinéma, nous en a fait une visite guidée, virtuelle bien entendu…

Juliette Grimont, programmatrice des cinémas La Baleine et du Gyptis à Marseille
La Vieille dame indigne de René Allio, 1965, Shellac
 Peux-tu nous présenter La Baleine de chez soi ? Comment ça fonctionne ? Quels films peut-on y trouver ?  

La Baleine de chez soi, c’est une offre VOD de 6 à 9 films proposée par le cinéma La Baleine, renouvelée chaque semaine. Les films sont accompagnés par une rencontre hebdomadaire le dimanche via la plate-forme Zoom avec des cinéastes ou encore des vidéos de présentation, comme c’est le cas avec la rétrospective René Allio présentée par l’historienne du cinéma Katharina Bellan. Les films disponibles sont soit des sorties exclusives en VOD, soit des films actuels qui auraient dû sortir à la Baleine et se retrouvent donc disponibles. On y trouve aussi des films pour les plus jeunes et d’autres qui suivent un parcours thématique, centré sur Marseille par exemple cette semaine.

En plus d’une véritable actualité, la programmation inclut des redécouvertes, comme la rétrospective consacrée à René Allio. Peux-tu nous dire quelques mots sur ce cinéaste marseillais ?

Né dans les années 1920, René Allio est connu de certains cinéphiles principalement à travers deux films, La Vieille dame indigne (1965) et L’Heure exquise (1981), chacun situé aux extrémités de sa filmographie. Le premier décrit le Marseille populaire, ouvrier, à travers le parcours d’émancipation d’une femme qui déambule dans la ville, jouissant de sa liberté retrouvée suite à la mort de son mari. Dans le second, René Allio raconte, à travers des souvenirs, son rapport à la ville et aux transformations d’un Marseille qui a beaucoup changé depuis La Vieille dame indigne.

Avec La Baleine de chez soi, vous avez très vite réagi au confinement. Comment cela s’est déroulé ?

On a pu vite rebondir et faire ces propositions au public grâce à Shellac, exploitant de salles (notamment La Baleine à Marseille) et distributeur de films, qui possédait déjà une plate-forme VOD que nous avons pu relier au site du cinéma. Cela nous permet en plus de proposer des films issus de leur catalogue et notamment leurs sorties les plus récentes. Pour le reste du catalogue, nous l’étoffons avec des acquisitions.

Il était important pour nous de garder le lien avec le public et de ne pas reculer devant la VOD. L’offre disponible est monstrueuse et avec notre sélection de films, nous continuons à jouer notre rôle de prescripteur, d’accompagnateur vers des films qui nous plaisent et que nous voulons montrer à notre public. Nous avons pour l’instant de supers retours et La Baleine de chez soi sera surement prolongée même une fois le cinéma rouvert.

 L’accompagnement des films se fait notamment par les rencontres organisées tous les dimanches, en visio-conférence via la plate-forme Zoom. Ce dimanche le public pourra échanger avec Alice Odiot et Jean-Robert Viallet à propos du film Des Hommes ? Peux-tu nous présenter le film ?

C’est un film documentaire, découvert au dernier Festival de Cannes dans la sélection de l’ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion), co-réalisé par Alice Odiot et Jean-Robert Viallet. Ils ont pu passer 25 jours dans la prison des Baumettes à Marseille et ce film est constitué d’une succession de témoignages et prises de paroles recueillis à ce moment-là. C’est un film qui était attendu par les Marseillais, pour lequel nous avions prévu des rencontres. Le cinéma étant fermé, nous avons décidé de maintenir la rencontre en passant par la visioconférence.

Ces rendez-vous seront réguliers ?

Oui, tous les dimanches le public pourra gratuitement participer à un échange avec des cinéastes. Le prochain sera avec Sébastien Laudenbach, réalisateur du film d’animation La Jeune fille sans mains, lui aussi sélectionné au festival de Cannes en 2016 par les cinéastes de l’ACID.

Le format de la visioconférence est adapté au confinement. Cela ne vaut pas la salle de cinéma mais cela a certains avantages. Les cinéastes peuvent par exemple partager leur écran et donc donner facilement accès à du matériel de travail, des photos de tournages, montrer les techniques de réalisation au public. Cela peut être assez ludique.

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Retrouvez La Baleine de chez soi ici

Entretien réalisé par Sylvain Bianchi et mise en page par Margot Laurens.

Des Hommes d'Alice Odiot et Jean-Robert Viallet, Rezo Films (2019)

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