Produit par L’atelier de production, Le Molière Imaginaire est le prochain long-métrage réalisé par Olivier Py. Laurent Laffite y interprète le dramaturge, un 17 février 1673 en pleine représentation du Malade Imaginaire. Alors qu’il commence à cracher du sang, il décide de continuer à jouer laisse pénétrer dans l’espace du théâtre les événements et fantômes qui ont fait sa vie, transfigurant sa mort en un ultime éclat de rire.
Retourne sur notre rencontre avec Thomas VERHAEGHE, producteur du film qui reviendra avec nous sur sa rencontre avec Olivier Py.
─ Pourriez-vous revenir sur la création de votre société de production « Atelier de production »
Thomas Verhaegue : C’était il y a 6 ans avec mon frère. Après une expérience de directeur de production pour Mathieu (mon frère) et pour moi de producteur au sein d’une autre société au sein de laquelle j’étais associé et producteur de courts métrages puis de long-métrages. On travaillait tous les deux dans le métier depuis plusieurs années nous avions le projet de créer une société ensemble. Suite à la co-production d’un projet sur lequel je travaillais via mon autre travail, nous avons pu se lancer sereinement notre société.
─ Vous êtes donc tous deux producteurs, parlez-nous de votre rapport au métier, en étant directeur de production.
T.V. : Le producteur est à l’origine d’u projet. Artistiquement il y a un gros travail de défrichage, de lecture et d’accompagnement sur l’écriture de scénario. Nous travaillons avec des auteurs que nous connaissons, déjà identifiés mais aussi avec des jeunes auteurs pour les premiers films. Nous sommes amenés à lire plusieurs versions des scénarios jusqu’à l’aboutissement de celui-ci puis à réfléchir à la manière dont nous fabriquerons le film : les techniciens, les comédiens etc. Nous travaillons aussi sur le financement qui nous permettra de démarrer le tournage, essentiellement des chaines de télévision, des distributeurs et vendeurs internationaux. Nous sommes aussi là lors du montage, c’est-à-dire que le regard porté sur le scénario sera un autre regard sur le montage. On voit plusieurs versions, discutent avec le monteur et le réalisateur pour optimiser, trouver le meilleur film possible. Il y a ensuite la partie accompagnement entre les distributeurs et salles, à savoir toute la réflexion marketing (l’affiche, bande d’annonce) pour la sortie. En résumé, nous sommes là dès l’embryon du projet jusqu’à sa livraison au public, et son exploitation au cinéma, à la télévision et sur les plateformes.
─Vous travaillez donc en binôme avec le réalisateur, comment avez-vous rencontré Olivier Py ?
T.V. : On s’est rencontré il y a un peu plus de 10 ans. Il a réalisé un court métrage au sujet de la rencontre de ses parents et de sa naissance qui s’appelle Méditerranée. Il a bien fonctionné en festival (notamment à Clermont-Ferrand) puis à la télévision (racheté par Arte). C’était une bonne expérience, nous sommes restés en contact (le court-métrage était produit par la société de production dans laquelle il travaillait avant de créer la sienne). Alors qu’il vivait ses aventures professionnelles assez surprenantes avec le théâtre de l’odéon puis à Avignon on s’est recontactés de manière un peu plus régulière pendant le confinement. Lui me parlait de ses envies de cinéma qui ne l’avaient jamais quitté, nous avons évoqué plusieurs idées dont celle-ci : la mort de Molière. Il a écrit le scénario pendant le confinement, on a échangé sur plusieurs versions avant de commencer le financement après le confinement, voilà comment est né le projet.
─ Alors que Molière est une figure incontournable de la culture française, il y a finalement peu de film à son sujet, c’est ce qui vous a convaincu de porter le projet ?
T.V. :Ce qui nous a convaincu c’est la conviction d’Olivier. Il est très érudit sur le 17eme siècle, comme on dit c’est un 17emiste et un Molièriste il a une connaissance extrêmement précise du personnage. Évidemment c’est un personnage de l’histoire de France et de l’histoire de l’art qui l’inspire énormément.
─ Vous avez choisi de tourner à Avignon, c’est un clin d’œil à Olivier qui a dirigé le festival d’Avignon pendant 20 ans ?
T.V. : Le théâtre du palais royal est à Paris mais n’existe plus donc il fallait reconstituer ce théâtre du 17eme. Il n’y en a pas en France donc peu importe le lieu de tournage, l’essentiel était d’avoir un lieu qui nous permettait de le faire. Evidemment c’est une région de cœur pour Olivier, nous avons proposé à la Région Sud de nous accompagner. C’est Olivier qui nous a aiguillé vers la Fabrica, il a travaillé une dizaine d’année ici, il connaissait bien les techniciens et le lieu. Cet endroit qui peut faire office de studio, tout est fait pour que le film puise bien se passer donc on a décidé de tourner ici assez naturellement.
─ Quand est-ce que le film devrait sortir ?
T.V. : La sortie la plus naturelle serait automne 2023.
─ Si j’en reviens à votre métier, et plus particulièrement sur le nom de votre société « Atelier », vous vous considérer comme un artisan ?
T.V. : C’est un métier d’artisan et nous ne voulons surtout pas nous industrialiser. Chaque film est un prototype autour duquel on va réfléchir à des outils, à des dialogues adaptés à la personnalité du réalisateur et puis à la nature même du film. C’est un métier fondamentalement artisanal qu’on ne peut pas industrialiser. Même les studios américains, malgré l’aspect industrie, il reste une part d’artisanat à chaque fois.
─ Justement, comment choisissez-vous vos projets ?
T.V. :D’abord nos gouts sont éclectiques nous n’avons pas envie de poser une ligne éditoriale trop rigide, ça ne nous intéresse pas. On a vraiment envie d’aborder plusieurs ponts du cinéma : du cinéma populaire au plus confidentiel. Il y a pleins de choses qui nous intéresse. C’est aussi la rencontre avec des projets et des auteurs. Je dirais même que c’est avant tout des rencontres avec des personnalités qui ont envie de défendre tel ou tel type de projet. Que ce soit pour un premier film ou non c’est avoir envie de vivre une aventure ensemble parce qu’un film c’est 2 ou 3 ans de travail, de rendez-vous réguliers donc on a envie de travailler avec des gens qu’on apprécie. Des gens et des projets, des sujets qui peuvent nous parler et plaire, et le traitement de ces sujets-là. Il n’y a pas de règle, c’est à chaque fois du prototype, on ne reproduit la même chose. On va réfléchir en fonction de la personnalité qu’on a, du projet et est ce qu’on a envie d’y aller de s’investir dans ce projet-là, c’est la question que l’on se pose avant d’y aller ou pas
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Entretien réalisé par Naomi Camara.
Crédits photos top et article : Naomi Camara