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Entretien avec Frédéric Dubreuil, producteur de Tant que le soleil frappe

Entretien avec...
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Publié le : Lundi 19 juillet 2021

F. Dubreuil © George Pimentel/UniFrance

À l’occasion du tournage de Tant que le soleil frappe de Philippe Petit, film tourné à Marseille racontant l’acharnement d’un paysagiste à mener à bien un projet de végétalisation d’une place, nous avons rencontré son producteur Frédéric Dubreuil (Envie de Tempête). D’abord prévu à Rome où il a rencontré Philippe Petit, le film s’est déplacé dans le sud de la France, avec un casting composé de Swann Arlaud, Sarah Adler, Grégoire Oestermann, mais aussi de Djibril Cissé. Nous avons discuté avec Frédéric de son métier de producteur, de ce projet de film avec Philippe Petit, qui a pris plusieurs années à se monter, ainsi que de Marseille…

─ Vous dirigez la société de production Envie de Tempête, pouvez-vous revenir brièvement sur sa création et son histoire ?

J’ai créé Envie de Tempête il y a quasiment vingt-deux ans avec des amis du BTS audiovisuel à Boulogne-Billancourt pour produire nos courts métrages. La structure était d’abord associative, mais nous nous sommes très vite rendu compte que cela limitait nos demandes de financement et nous sommes donc dirigés vers une SARL. De fil en aiguille, nous avons produit énormément de courts métrages, une cinquantaine, dont certains avec des succès importants : nominations et récompenses aux César, prix à Clermont… Au bout d’une dizaine années d’existence, nous sommes passés assez naturellement au long métrage avec le premier film de Sébastien Betbeder, Les Nuits avec Théodore (2012), avec Pio Marmaï et Agathe Bonitzer. Son deuxième film, réalisé dans la foulée, 2 automnes 3 hivers (2013), a été sélectionné au Festival de Cannes et a permis de faire exister plus sérieusement la société.

Le nom « Envie de Tempête » est assez bien trouvé, d’où vient-il ?

Oui, j’en étais assez content. Il y avait un sens politique pour nous, une révolte. Au départ, nous étions partis sur Avis de Tempête, plus classique, mais le nom était déjà déposé. Nous avons réfléchi à Envie de Tempête, plus dynamique, plus amusant. Et je crois que, vingt-deux ans après, nous avons toujours envie de tempête !

En tant que producteur, qu’est-ce qui vous décide à vous investir pleinement dans un projet ?

Il n’y a pas de recette. Mais cela passe essentiellement par le scénario, c’est ce qui fait une vraie rencontre avec un auteur. Après, le lien se fait parfois par des connaissances, ou des auteurs dont on connait les courts métrages. Mais ce qui nous réunit avant tout, c’est un projet spécifique. L’enjeu est d’arriver à entretenir la relation, à faire grandir. C’est ce qu’il y a de plus beau, car je considère le métier de producteur comme celui d’un accompagnateur. C’est un travail énorme pour un auteur de réaliser un long métrage, ce sont des années de doute, et nous devons faire en sorte que le film soit au plus proche de ce à quoi il rêvait.

Pour Tant que le soleil frappe, comment s’est faite la rencontre avec Philippe Petit ? Qu’est-ce qui vous attire dans son travail ?

C’est un projet que nous avons porté pendant cinq ans d’écriture. J’ai rencontré Philippe Petit car je trouvais qu’il avait un vrai talent de cinéaste, un univers, un geste, que j’avais pu déceler dans ces films précédents, qu’il avait autoproduits. L’enjeu pour moi était donc de l’accompagner sur un film produit avec une équipe, tout en préservant sa capacité à bousculer les choses.  C’est Danger Dave (2014), un film sur un vieux skater de 45 ans qui m’a vraiment donné envie de travailler avec lui. Il était alors en résidence à la Villa Médicis à Rome, où je suis allé le rencontrer. Nous avons réalisé un court métrage de travail. Au fur et à mesure que la production du long métrage avançait, avec l’idée d’abord de tourner à Rome, nous avons été confrontés à des difficultés qui nous ont poussé à réimplanter le film en France, à Marseille.

 Le projet était pensé d’abord pour être tourné à Rome. Quand il a fallu changer de ville, pourquoi avoir choisi Marseille ?

Nous sommes passés de Rome à Marseille, car cela reste une ville du sud. Mais le film parle de paysagisme et par extension d’architecture, d’aménagement. Cela résonne avec Marseille, encore davantage depuis l’effondrement de la rue d’Aubagne, qui est un événement très parlant au niveau national. Mais l’idée de Philippe n’était pas de clamer « On est à Marseille ! ». Déjà parce que nous ne sommes pas marseillais. Nous ne voulons pas utiliser Marseille. Nous avons tourné avec beaucoup de marseillais, qui nous ont permis de découvrir des endroits qui ne sont pas des cartes postales, mais sans tomber dans la carte postale inversée, le Marseille « trash ».

─ À l’instar de ce changement de lieu, le projet a connu de nombreuses évolutions. Le scénario a d’ailleurs bénéficié du travail de plusieurs co-auteurs…

Il y a deux co-autrices et un co-auteur. Marcia Romano, qui est une des plus grandes scénaristes de France et vit à Marseille, a porté le projet de l’écriture avec Philippe. Il y a aussi Laurette Polmanss et Mathieu Robin. C’est un projet qui a été beaucoup renouvelé en cinq ans, je ne compte plus le nombre de lectures que j’en ai fait !

Pour le casting, vous avez choisi de faire appel, en plus d’acteurs professionnels, à des non-professionnels. Pourquoi ?

C’est un mélange des genres. Il y a des figures marseillaises qui ne sont pas des comédiens comme Djibril Cissé, qui joue son propre rôle, aux côtés de Swann Arlaud. On a aussi essayé de garder dans le casting cet aspect légèrement documentaire que porte Philippe Petit, en mélangeant des Marseillais, des comédiens et des non-professionnels.

Swann Arlaud tient le premier rôle, incarnant à nouveau un rôle de métier, celui de paysagiste, après avoir été éleveur dans Petit Paysan (Hubert Charuel, 2017), ou encore policier dans Perdrix (Erwan Le Duc, 2019). Comment s’est fait ce choix ?

Je connais Swann Arlaud de longue date et il s’avère qu’à la lecture du scénario, il a eu un désir très fort de faire ce film. Le tournage a d’ailleurs été repoussé d’un an à cause du Covid-19 et il a attendu, ce qui prouve sa fidélité au projet. Il est parfait pour ce rôle car il porte quelque chose de politique, d’humaniste. Son rôle est presque celui d’un anti-héros, mais qui habité par des valeurs qui nous parlent et nous réunissent, inhérentes à sa génération.

─ Et quels seraient les questionnements, les valeurs propres à cette génération ?

On parle d’un quarantenaire qui arrive à un moment de sa vie professionnelle où il se pose des questions, qui questionne la réussite sociale. Il se confronte à ce qui brille, au bling-bling, attirant, efficace. Mais il va se rendre compte que ce n’est pas son univers, que ce qu’il cherche ailleurs se trouve près de lui, que réussir ne veut pas forcément dire réussir socialement. Je crois que le film parle de ça fondamentalement.

Sur le tournage de Maintenant / Sylvain Bianchi
Danger Dave / Petit Dragon
Sur le tournage de Maintenant / Sylvain Bianchi
Petit Paysan / Pyramide Distribution

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Entretien réalisé par Sylvain Bianchi.

Crédits photo top et article : Sylvain Bianchi.

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