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Entretien avec Maéva Ngabou, coordinatrice du réseau Sudanim

Actus

Publié le : Mercredi 15 octobre 2025

A l’occasion de la 26ème édition de Cinémanimé qui a lieu du 15 octobre au 11 novembre 2025, Séances Spéciales s’est entretenu avec Maéva Ngabou, coordinatrice du réseau Sudanim, association qui fédère les professionnels de l’animation et du jeu vidéo en Région Sud.


Peux-tu nous expliquer ton rôle chez Sudanim ?

Maéva Ngabou : Je suis coordinatrice du réseau Sudanim, qui est une association territoriale chargée de structurer la filière de l’animation et du jeu vidéo dans la région Sud. Notre but, c’est vraiment de fédérer les acteurs du secteur sur le territoire. On a parfois des gens d’autres régions qui veulent nous rejoindre, mais notre priorité, ce sont les professionnel·les qui vivent, travaillent et se développent ici, en région Sud. On rassemble donc plusieurs types d’acteurs au sein de différents collèges : un collège producteurs, un collège studios, un collège écoles et formations, un collège talents — qui regroupe les indépendants, les artistes, les techniciens, bref, toutes les personnes qui font vivre l’artisanat de l’animation et du jeu vidéo — et enfin un collège étudiants.

Mon rôle, c’est de gérer la communication interne, la newsletter, le site, la base de données… et d’assurer le lien entre tous ces acteurs. On a plus de 200 adhérents, donc c’est un vrai travail de coordination. Je m’occupe aussi des partenariats, par exemple avec des évènements comme les Écrans du Sud. En fait, mon poste sert d’interface : comme l’association est composée de professionnel·les déjà très pris·es par leur travail, ils et elles n’ont pas forcément beaucoup de temps à consacrer au bénévolat. Mon rôle, c’est donc de garantir que tout avance, que les projets restent fluides et que l’association continue à se développer.

Tu parlais justement des Écrans du Sud. Comment des évènements comme Cinémanimé s’inscrivent-ils dans votre mission de promotion de l’animation ?

M.N : Ces festivals sont essentiels pour nous. Ils permettent de mettre en lumière les productions réalisées — totalement ou en partie — dans la région Sud. Ces films sont beaux, ambitieux, pertinents, et reflètent des points de vue aussi qualitatifs que ceux d’autres régions.

C’est important pour nous d’avoir ces moments de valorisation du travail accompli, parce que, même si Sudanim est une association professionnelle, on tient aussi à tendre la main vers le grand public et les institutions. Par exemple, des cinémas régionaux ou des acteurs locaux peuvent ainsi découvrir qu’il existe une structure qui fédère les professionnels de l’animation et du jeu vidéo. Cela peut déboucher sur des partenariats avec des écoles, des studios, ou des professionnels du cinéma. On devient en quelque sorte un réservoir de ressources et de contacts, et cela contribue à entretenir la dynamique initiée depuis quatre ans maintenant.

© Marcel et Monsieur Pagnol de Sylvain Chomet – Wild Bunch Distribution

Selon toi, quels sont aujourd’hui les principaux défis de la filière animation dans la région Sud ?

M.N : Au niveau mondial, on traverse une période assez compliquée. Après deux ans de crise, on ne voit pas encore le bout. On pensait que ce serait un simple effet de bulle, mais ce n’est pas le cas. Pendant la période Covid, il y a eu énormément de commandes, notamment de la part des plateformes comme Netflix ou Amazon Prime, ce qui a permis à beaucoup de studios de bien fonctionner. Mais depuis, ces plateformes ont brutalement réduit leurs commandes, et aujourd’hui, on se retrouve avec beaucoup de studios, de talents, de savoir-faire… mais peu de projets. La situation s’enlise un peu, et il devient urgent de repenser le modèle économique. C’est aussi vrai dans le jeu vidéo : il y a eu beaucoup de créations et d’initiatives, mais le modèle actuel ne correspond plus forcément à la réalité du marché.

On doit aussi faire face à l’arrivée de l’intelligence artificielle, qui commence déjà à s’intégrer dans nos métiers. Comme dans beaucoup d’autres secteurs, la question se pose : comment préserver nos savoir-faire tout en tirant parti de ces outils pour gagner du temps, réduire les coûts, et se concentrer sur les aspects créatifs ?

Il y a donc beaucoup d’enjeux et de difficultés, mais aussi une vraie force collective. La région Sud est très agile et dynamique. On l’a encore vu lors de l’évènement “LOOP” [rencontres professionnelles qui a eu lieu à Avignon le 7 octobre] : malgré la conjoncture, les acteurs de la région restent mobilisés, créatifs et déterminés à avancer.

Est-ce que tu aurais un coup de cœur à nous partager ?

M.N : Il y a une série qui m’avait vraiment marquée à l’époque, même si elle est un peu passée inaperçue : Chris Colorado. C’était inspiré très librement du roman Les Thanatonautes de Bernard Werber. Pour moi, c’est la preuve qu’on peut faire une série d’animation pour enfants qui parle aussi aux adultes. Les thématiques sont profondes, presque philosophiques. Techniquement, ça a un peu vieilli, mais ça reste un vrai “banger”, comme on dit.

Et en film, je dirais L’Œuf de l’ange de Mamoru Oshii. C’est un film exigeant, très silencieux, sans beaucoup d’action, mais d’une poésie incroyable. Mamoru Oshii réfléchit beaucoup à la place de l’humain, à sa relation à la technologie, à la guerre… C’est un film qui questionne, et c’est exactement ce que je recherche au cinéma.

Crédits photos : Wild Bunch Distribution, Gebeka Films
Entretien réalisé par Lola Antonini

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