Séances Spéciales vous emmène sur les tournages des films produits dans le Sud ! Prenons un peu de hauteur pour nous hisser jusqu’à Saint-Jurs, village des Alpes-de-Haute-Provence, dans lequel Emmanuel Mouret conclut le tournage de son prochain film : Chronique d’une liaison passagère, l’histoire de deux amants, interprétés par Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne, qui s’interdisent de ressentir le moindre sentiment amoureux…
Le village de Saint-Jurs se compose de quelques grappes de maisons aux toits de tuiles rouges disséminées sur le flanc du massif du Montdernier. Depuis le parvis de l’église qui domine tout le plateau de Valensole et ses champs de lavande, on peut apercevoir le Mont Ventoux et deviner le lac de Sainte-Croix. C’est ici, dans ces premières hauteurs des Alpes du Sud que l’équipe de Chronique d’une liaison passagère achève un tournage de plusieurs semaines, qui s’est déroulé principalement à Paris avant cette escapade finale de deux jours. Emmanuel Mouret, réalisateur marseillais, termine ainsi les prises de vues de son onzième long métrage, dans lequel il met en scène un duo d’amants, composé de Simon, homme marié incarné par Vincent Macaigne (qui jouait déjà dans le précédent film d’Emmanuel Mouret), et Charlotte, une mère célibataire interprétée par Sandrine Kiberlain (première collaboration avec le réalisateur). Les personnages prennent un engagement, celui de cantonner leur relation au sexe et de s’interdire tout sentiment amoureux, promettant aux spectateurs un tiraillement entre ces deux conceptions de l’amour.
Emmanuel Mouret continue ainsi d’explorer l’inextricable dédale de l’amour, peu de temps après Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait (2020), dernier film du réalisateur et grand succès, nommé treize fois à la dernière Cérémonie des César, record qu’il partage avec Cyrano de Bergerac (1990) de Jean-Paul Rappeneau.
Ce dernier triomphe, qui confirme une vraie reconnaissance de son cinéma déjà amorcée avec Mademoiselle de Joncquières (2018), n’a pas changé les habitudes du réalisateur. Comme sur ses précédents films, il s’est entouré d’une équipe qu’il connait bien, construite au fil de sa carrière, à l’image de Laurent Desmet, chef opérateur, David Faivre, chef décorateur ou encore Maxime Gavaudan, ingénieur du son, avec lequel il est ami depuis le lycée. Le film est à nouveau produit par Frédéric Niedermayer (Moby Dick Films), qui célèbre à cette occasion leur dixième collaboration. Même le village de Saint-Jurs est un lieu familier dans lequel le cinéaste se rend régulièrement.
Rassemblée devant les ruines d’un château désormais habité par la végétation envahissante, l’équipe met en place un rail de travelling pour filmer la déambulation des acteurs, sous l’œil curieux de la propriétaire du lieu, qui n’aurait manqué pour rien au monde ce tournage dont le calme et le silence l’impressionne. En effet, l’équipe travaille sereinement et les scènes du jour sont muettes, puisque les prises de vues serviront, comme nous l’explique Laurent Desmet, d’interludes musicaux entre des scènes de dialogue. Cette fin de tournage dans le silence est indéniablement une amusante ironie, quand on connait la place qu’Emmanuel Mouret donne habituellement dans son cinéma à la parole, par laquelle ses personnages cherchent inlassablement à comprendre et exprimer le trouble des sentiments qui les agitent.
Découvrez notre entretien avec Frédéric Niedermayer, producteur de Chroniques d’une liaison passagère, et Maxime Gavaudan, ingénieur du son, à lire ici.
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Par Sylvain Bianchi.
Crédits photo diaporama : Sylvain Bianchi