Le lieu de rendez-vous est fixé sur la place principale de Puyricard, petit village jouxtant Aix-en-Provence. Entre l’église et la mairie, un manège de fête foraine aux illuminations multicolores fait face à un stand de bonbons du même ton et un camion de pizza devant lequel est stationné à l’arrêt un minibus de la ville. Surplombant l’ensemble, le soldat de pierre au sommet du traditionnel monument aux morts est la touche finale du tableau d’un samedi normal dans un village provençal. Mais il faudrait pour y croire réellement faire abstraction des camions garés sur le parvis de l’église, auprès desquels sont étalées de nombreuses caisses de matériel, ainsi que des barrières qui barrent la route principale, et surtout de l’âge bien trop avancé de tous ceux qui s’agitent autour du manège et du stand de bonbons – les quelques enfants présents étant les acteurs du film. Dernière subtilité, les usagers du minibus sont cet après-midi-là une caméra et son équipe installés dans le véhicule attendant que vienne leur tour de filmer.

C’est dans ce décor que s’est achevé la semaine dernière le tournage d’Un petit miracle, tourné dans le Pays d’Aix, principalement à quelques kilomètres de là, à Ventabren. Le film nous transporte dans un village dont l’école a brulé, promettant aux quelques élèves de la classe unique une répartition aux quatre coins du département. Pour éviter cela, Juliette, l’enseignante interprétée par Alice Pol (Supercondriaque (2014), Les Vieux fourneaux (2018)…), va proposer une solution alternative : faire de la place pour sa classe dans la maison de retraite locale, assurant une cohabitation qui ne sera pas de tout repos pour les aînés, parmi lesquels les spectateurs pourront retrouver Eddy Mitchell, ainsi que leur directeur interprété par Jonathan Zaccai (Le Bureau des légendes…). Cette histoire transgénérationnelle, qui met face à face jeunesse et vieillesse, est inspirée d’un fait réel survenu aux Etats-Unis dont Sophie Boudre, la réalisatrice, a pris connaissance il y a quelques années.

Pour son premier long-métrage, la réalisatrice ne navigue pas dans des eaux inconnues. Des années de réalisation de publicités lui ont apporté l’expérience du tournage avec des enfants. Multipliant les allées et venues entre le manège et le stand de bonbons, les deux enfants acteurs du jour sont ainsi guidés par la réalisatrice et son premier assistant affublé pour l’occasion d’un nez rouge de clown auquel rien n’échappe. Il n’y a pas de temps à perdre car les journées de tournage avec des enfants sont courtes, la loi n’autorisant que quelques heures de travail. Sur la place, les habitants de Puyricard vont et viennent, se mêlent aux nombreux figurants, y vont de leur commentaire, comprennent enfin pourquoi la route menant à leur domicile était barrée. L’équipe du film veille au grain et doit faire la chasse aux badauds masqués, pas question de faire figurer un masque chirurgical à l’image d’un film où le Covid-19 n’est qu’un mauvais rêve. Une journée presque normale, on vous dit…

Découvrez notre entretien avec Sophie Boudre, réalisatrice de Un petit miracle, à lire ici.