Chaque année, les cinémas du réseau Scènes & Cinés se mobilisent pour offrir un temps fort dédié à une cinématographie particulière. Pour sa 16ᵉ édition, du 8 au 16 novembre 2025, le Panorama met à l’honneur la nouvelle génération du cinéma espagnol.
Pour l’occasion, Séances Spéciales s’est entretenu avec Céline Girard, directrice du Cinéma le Comœdia à Miramas, et Marie-Laure Matrat, directrice administrative de l’Espace Robert Hossein à Grans (cinémas de Scènes & Cinés).
Pouvez-vous nous présenter en quelques mots le festival et ce qui fait sa singularité ?
Le Panorama est un rendez-vous dédié au cinéma contemporain, avec une sélection d’environ une trentaine de films, tous réalisés dans les deux dernières années. Nous mettons en valeur une nouvelle génération de cinéastes, souvent encore peu connus à l’international. Ce qui rend le festival unique, c’est aussi la présentation de films inédits en France, souvent accompagnés de rencontres avec des intervenants qui apportent un éclairage sur les thématiques abordées.
Après le cinéma nordique et d’Amérique du Nord, pourquoi avoir choisi de mettre en avant le cinéma espagnol cette année ?
Nous avons voulu explorer le cinéma espagnol parce qu’il connaît actuellement un renouveau intéressant. Cette nouvelle génération de réalisateurs et réalisatrices propose des films riches, engagés, qui parlent beaucoup de l’histoire récente, des questions sociales, mais aussi d’expériences personnelles. Par ailleurs, grâce à un partenariat avec CineHorizontes, nous avons pu accéder à des films inédits en France, ce qui a été un facteur décisif pour ce choix.
Y a-t-il des thématiques ou un fil rouge dans les films sélectionnés cette année ?
Oui, plusieurs thématiques traversent notre programmation. Par exemple, plusieurs films abordent l’histoire et la mémoire de l’Espagne, notamment à travers le prisme du franquisme, de l’immigration ou du racisme. Nous avons des films sur des figures de la société espagnole, comme Marco, l’énigme d’une vie d’Aitor Arregi et Jon Garaño qui raconte l’histoire d’un syndicaliste qui avait prétendu avoir été emprisonné dans un camp de concentration, ce qui s’est révélé être un mensonge. La musique et la chanson populaire sont aussi des sujets importants que l’on retrouve dans la programmation.

“El 47” de Marcel Barrena – A Contracorriente Films, film inédit en France
Comment se construit la collaboration avec CineHorizontes ?
La collaboration avec CineHorizontes est très enrichissante. Elle nous donne accès à des films inédits, qui sont ensuite présentés lors de soirées spéciales, souvent accompagnées de conférences ou d’interventions. Par exemple, lors de l’ouverture, Tristan Brossard (journaliste spécialiste du cinéma espagnol et latino-américain) présente une sélection des films du panorama avant la projection d’un film inédit. Le directeur de production de CineHorizontes, Borja Miguel, intervient aussi pour présenter certains films et animer des débats, ce qui crée un vrai dialogue avec le public.
Quels sont les temps forts à ne pas manquer cette année ?
La soirée d’ouverture se tient à Saint-Louis-du-Rhône, avec la projection de L47 de Marcel Barrena, un film inédit en France qui raconte la lutte d’un chauffeur de bus pour maintenir sa ligne dans les quartiers populaires de Barcelone des années 70. Avant la projection, Tristan Brossard présentera le panorama des films.
Le samedi 15, Jean-Paul Campio, enseignant à l’université d’Avignon, donnera une conférence sur le cinéma social espagnol, notamment autour de Los Williams de Raùl de la Fuente qui traite du racisme et de l’intégration à travers l’histoire de deux jeunes joueurs de football d’origine ghanéenne et basque.
Pour la clôture, nous découvrirons Solo pienso en ti de Hugo de la Riva, qui raconte l’histoire d’une chanson de Victor Manuel, un chanteur engagé sous le franquisme. Ce film sera suivi d’un concert avec le groupe Vice & Vertu, duo qui revisite le répertoire des chansons à texte du début du XXe siècle.
Avez-vous déjà une idée du focus pour l’année 2026 ?
C’est encore un peu tôt pour le dire précisément, car le festival se base sur des films récents, réalisés au maximum il y a deux ans. Nous commençons à construire la programmation en fonction des films disponibles et des intervenants. Mais nous continuerons à privilégier un cinéma en mouvement, souvent portés par des jeunes cinéastes, et à proposer des films qui font écho aux enjeux contemporains.
Crédits photos : A Contracorriente Films, Outplay Films
Entretien réalisé par Lola Antonini